22 novembre 2011

SECRETS DES VILLES | LA DENSITÉ INFORMATIQUE ET TECHNOLOGIQUE

De nos jours, en France, la densité se caractérise par un ensemble de facteurs urbains qui comprennent la diversité et la mixité des typologies (modification de la perception de densité). En particulier grâce à l’habitat intermédiaire, qui répond à des aspirations individuelles sous forme collectives ; et ensuite à la trame de l’espace public ; ou encore à la dilatation de l’espace à travers des îlots ouverts (comme les dessine Christian de Portzamparc) ; et enfin aux modes d’habiter c’est-à-dire la variation de la surface des logements en fonction de l’habitant (famille monoparentale, personnes âgées…). Cet effort est profondément nourri par la conviction que la densité doit aller de pair avec la qualité urbaine et des conditions de vie attractive.

Vue virtuelle en perspective de la ville de Songdo 

C’est avec les mêmes préoccupations, que la ville de demain prend forme en Asie. La ville de Songdo, à 60 km de Séoul en Corée du Sud, mise sur « l’espace urbain idéal » pour attirer les cadres et leurs familles des grandes entreprises internationales. Cette cité qui est en cours de construction, se caractérise par sa durabilité écologique, mais aussi et surtout par sa densité informatique et technologique. Toute entière tournée vers les technologies de l’information, la ville est destinée à accueillir les centres de recherche publics sud-coréens.

La densité informatique et technologique peut être définie comme le nombre de gadget présent dans un volume donné. Et à en croire les concepteurs, Songdo, décroche la palme de la densité la plus forte ! Ainsi les technologies les plus sophistiquées sont convoquées pour assurer confort et sécurité aux habitants : le sol des appartements comportera des capteurs capables de détecter les chutes des personnes avant de prévenir les secours, une carte à puce (à la technologie RFID de l’anglais Radio Frequency Identification) permettra de prendre le métro, de louer un vélo, un livre ou un film, de faire ses courses, de payer le parking, d’ouvrir la serrure électronique de son appartement, la technologie RFID sera aussi présente sur des canettes qui identifiera le possesseur et le gratifiera s’il a la délicatesse de recycler son détritus dans une poubelle publique …

Dans son programme, la ville accueillera des écoles et des grandes entreprises, et la démarche du télétravail et de l'enseignement à distance est mise en avant. Elle sera supportée par la fibre optique. Pour que le tableau soit complet, les concepteurs ont prévu des robots intelligents pour agrémenter la vie des habitants, des caméras de vidéosurveillance permettront aux parents de suivre leur enfant sur le chemin de l’école.
Au final, la technologie sera omniprésente dans les secteurs résidentiels, administratifs, commerciaux, médicaux, du transport, de l’enseignement, … grâce à des systèmes d’information en réseau (dont des systèmes d’information géographique) qui partageront leurs données. C’est que l’on nomme une « U-ville » ou « U-cité », c’est-à-dire une ville ubiquitaire. C’est donc une ville hyper connectée où chaque action est enregistrée, où chaque service est personnalisé, où chaque transaction est automatisée. Depuis longtemps fantasmée par la science-fiction, la société urbaine hyper-contrôlée et hyper-connectée pourrait donc prendre corps à Songdo.

Exemple d'organisation de la densité technologique

Nous venons d’explorer un exemple utopique de densité technologique en Asie. Or gardons à l’esprit que cette densité technologique est présente au quotidien dans nos villes européennes. La plupart de ces dernières utilisent la technologie pour une gestion plus aisée et plus dynamique : les flux (transport en commun, déchets…) sont ainsi mieux contrôlés par exemple. Il peut être intéressant de se pencher sur la comparaison des densités technologiques et les facteurs de cette densité. Il parait évident que les villes occidentales bénéficient d’une avance dans ce domaine car leur situation économique leur permettent de s’équiper de la sorte (en comparaison avec des villes africaines par exemple). Parallèlement, le contexte géoéconomique ne fait pas tout. Si l’on prend un pays « en voie de développement » comme l’Inde, on peut être étonné de constater que Bangalore possède une densité technologique bien plus forte que la ville de Calcutta car son identité est liée aux technologies de pointe.


Pour le citadin, la densité technologique est un confort, un avantage, elle permet de se déplacer facilement comme avec la combinaison entre l’application sur téléphones portables et les bornes automatisées du Vélib’ à Paris. Elle permet de connaître en temps réel l’arrivée du prochain métro automatisé ou bien encore de se sentir en sécurité sous l’œil des caméras.

Exemple de réalité augmentée

Le contrecoup de cette densité technologique est marqué par l’appauvrissement des liens sociaux « en chair » : les citadins ne communiquent plus que par écrans interposés et entre deux publicités. Les corps de métiers qui font vivre la ville tendent à disparaître au profit de la technologie : le buraliste, le gardien, les techniciens de surface etc. Or paradoxalement, on s’attache à créer de nouvelles formes urbaines qui placent l’habitant au cœur des programmes…

Aussi, la notion de densité renvoie encore et toujours à l’espace privé, à la promiscuité, à la liberté… A quel degré de densité technologique perd-t-on notre liberté ? Notre identité ? A ce sujet Victor Rozek écrit : “Les résidents de Sondgo pourront constater que le prix à payer pour mener une existence numérique est la perte de l’intimité. Il y a une bien fine différence entre l’informatique pervasive et l’informatique invasive et l’une des conséquences de l’expérience Songdo sera d’aider à en clarifier la frontière.”


Sources : 

Écrit par : Raphaël B. et Marine C.

3 commentaires:

  1. J'ai trouvé l'article très intéressant. Si vous avez l'occasion, je serai ravie d'avoir d'autres exemples de villes numériques présentées ici !

    RépondreSupprimer
  2. Bordeaux sort d'ici les vacances de Pacques (attention scoop la communication n'est pas encore faite) un parcours dans la ville : reconstitution de Bordeaux au XVIII° siècle. Je viens de sortir d'un forum sur les nouveaux outils techniques de médiation. Je peux donc proposer de faire un article sur les différentes médiations utilisées pour la restitution des cités et des monuments. Articles en tout cas très intéressant.

    RépondreSupprimer
  3. le projet de Songdo me fait bizarrement penser à big brother...

    RépondreSupprimer

| LES ARTICLES LES PLUS LUS |