Vis[LE] : architecture, urbanisme, paysage, patrimoine...: EXPO ET AUTRES CURIOSITES

Nous nous retrouvons pour la visite de l’exposition UNE ARCHITECTURE, consacrée à l’architecte Zaha Hadid, au Mobile Art de l’Institut du Monde Arabe à Paris.

Entrée du Mobil Art sur le parvis de l'Institut du Monde Arabe, Paris, 2011

Cette visite commence, par une grande maquette du Performing Art center d’Abu Dabi. C’est un bâtiment horizontal qui s’étire vers la mer. Son architecture ramifiée s’inspire de croissance biologique. C’est un nouveau concept spatial que met en place Zaha Hadid.

Performing Art Center, Abu Dabi (photo de maquette)

La visite se poursuit par un bref rappel de ce que représente la tour, à travers les âges, jusqu’à nos jours.

La tour est une forme typologique qui exprime une forte symbolique. Elle fut à ces débuts le réceptacle des aspirations spirituelles (clocher d’église, minaret de mosquée, …). Par la suite elle servit à la surveillance et à la défense, mais aussi de point de ralliement. Enfin aujourd’hui elle est le symbole de la modernité, de la richesse et du progrès triomphant. La tour est un système de construction qui répond à une forte augmentation de la population en ville. Elle a une fonction emblématique pour cette dernière, c’est l’image que les métropoles se donnent d’elles-mêmes.

Exemple de tour réalisée ou imaginée par l'agence (fresque murale)

Le projet de reconstruction de Ground Zero à fait réfléchir Zaha Hadid, sur ce concept de tour. Elle a voulu le faire de manière innovante et pour cela l’a pensée à rebours de la vision post-moderne. La tour post-moderniste est un objet posé sur un socle, mais aussi une reproduction d’étages tous identiques. Zaha Hadid propose donc un nouveau type de tour, où le noyau migre vers la façade extérieure, libérant le cœur du bâtiment. La structure ayant passé vers l’extérieure, se faisant enveloppe, devient un exosquelette. Le noyau n’a plus sa fonction porteuse, il peut être transparent pour apporter de la lumière.

Etude de tour paramétrique 2004 (maquette)

Etude de tour paramétrique 2004 (maquette

Cela débouche sur un nouvel outil de paramétrage : "le paramétrisisme". C’est un cadre conceptuel pour la réalisation de prototype de tour qui peut être utilisé dans un grand nombre de situations spécifiques. Ce système est complètement malléable et permet de concevoir différentes tours et différents styles de tours en fonction de paramètres précis. Des paramètres physiques (taille-surface-climat), mais aussi sociologiques, subjectifs et relatifs aux usages, le tout amenant à une réalisation qualitative. Cet outil conceptuel est avant tout dû à l’avènement de l’informatique. On retrouve ici les premiers amours de Zaha Hadid avec les mathématiques.

Saphira Tower, Rabat, Maroc, 2009 (maquette)

"Le paramétrisisme" donne lieu à des projets de centres urbains. Les tours ne se posent plus sur un socle, elles naissent du paysage, du paysage urbain. Il est expérimenté par l’agence dans le projet de 7 tours à Bratislava.

Centre urbain, Bratislava (image de synthèse projetée)

Zaha Hadid n’est pas qu’une architecte, elle se met aussi au design de mobilier. C’est la même méthode qui lui permet de concevoir ces différents objets de design. On peut par exemple parler des vases crevasses Alessi en acier inoxydable. Le dessin de ces objets relève du puzzle morphologique. C’est en fait une paire de vase découpé dans un même volume. Ils sont chacun le positif ou le négatif de l’autre.

Vases Alessi design Zaha Hadid

Ces 75 tours aux lignes sculpturales expriment les étapes successives de la méthode du paramétrisisme pour le projet du Beijing CBD, le quartier central des affaires de Pékin. On voit les différentes phases d’études, puis le résultat des 6 tours finales. On peut noter que plus les tours sont grandes, plus les parties extérieures s’écartent pour laisser passer la lumière vers le centre.

Maquettes préparatoires au projet de Bejing CBD

Formes finales des tours du projet Bejing CBD (maquettes)

En France, Zaha Hadid a déjà édifié une tour : la tour CMA CGM à Marseille. De 142 m de haut la tour à été construite dans le site d’Euroméditérannée, à 1 km du centre ville et à 100 m de la mer. Elle est visible de tous les quartiers de la ville. Elle est située au croisement de plusieurs autoroutes ce qui donne à l’architecture une dynamique particulière. Le bâtiment reprend l’imaginaire de la vitesse en prolongeant la tour au sol par des lignes de bâtiment qui semblent se croiser comme une bretelle d'autoroute.

La tour CMA CGM dans son contexte urbain (maquette)

La tour CMA CGM (maquette réaliste)

Elle a aussi réalisé une cité des savoirs et des sports pour tous : PierresVives, Montpellier. C’est un bâtiment horizontal, aux lignes puissantes. Ici aussi, on retrouve un puzzle morphologique : ces lignes s’emboitent les unes entre les autres.

PierresVives, cité des savoirs et des sports pour tous, Montpellier (maquette)

Et enfin, à Paris a pris place le Mobil Art lui-même, où se déroule cette exposition, et que nous avons déjà traité dans un article précédant. Cette exposition que je vous propose est en fait une expérience monographique inédite. En effet c’est une exposition sur le travail d’un architecte, conçu par son agence dans un de ses propres bâtiments.