17 juillet 2012

POLITIQUE ET PRATIQUE | LA DENSITÉ, UN MOT QUI FAIT PEUR


Après plusieurs balades urbaines, quelques réunions publiques et des assemblées générales, j'ai remarqué que la notion de développement durable était peu connu ou reconnu. Après Rio +20, j'ai donc décidé de faire une série d'articles autour de ce sujet d'actualité. La première approche : la densité urbaine.

Vous pensez habiter une petite bourgade rurale, ou un quartier tranquille. Quand tout à coup, le maire de la ville jette dans une phrase le mot densité. En bref, vous écoutez ce qui se dit autour de vous et là c'est le drame : votre pensée traduit immeuble de 20 étages, ghettos, promiscuité...
La densité auprès d'un grand nombre de la population a une perception négative. Il y a souvent confusion avec hauteur des immeubles et quartiers types tours et barres. Je vais essayer à travers cet article de répondre à quelques questions. Parle-t-on de densité ou de densification ? Densité du bâti ou de population, choisie ou subie ? Point de vue du riverain, ou de prochain arrivant dans le quartier ?

UN SENTIMENT DE PEUR, CONSÉQUENCE D'UNE QUESTION IDÉALOGIQUE

Model de l'étalement urbain américain

La maison individuelle est considérée dans un imaginaire collectif comme le mode de logement idéal. Ce discours conservateur se rajoute à la volonté de l'accession à la propriété et est au cœur des politiques de construction de logement. A l'exemple de Jean-Louis Borloo, ancien ministre de la ville qui a mis en place le projet maison individuelle à 100 000 €Or si cela correspond bien avec le cadre de pensé libéral, celui-ci, comme souvent, n’a pas de réflexion d’ensemble sur ce que doit être un aménagement du territoire qui prend en compte le respect de la nature. 

Ce mode d'habitat idéal traduit la volonté d'autonomie des personnes sur le même schéma que les américains. L'étalement urbain et la possession d'une voiture par personne en sont les conséquences. Pour bon nombre, espace veut dire nature, bien être, vie agréable... en opposition directe avec les cages à lapins des barres et des tours en bétons. Hors la densité dans les centres villes est plus dense que dans les quartiers d'habitats sociaux. Prenons l'exemple de la ville de Grenoble. Son centre-ville a une densité de 250 logements/hectare. La ville moderne (exemple le quartier Tesseire)  a une densité de 200 logements/hectares. Le quartier des tours de l'Île Verte a une densité de 90 logements/hectare et enfin le quartier de la Villeneuve a une densité de 100 logements/hectare.

Centre ville | Quartier Tesseire | Ile Verte | Villeneuve

VERS UN PROJET DE DÉVELOPPEMENT DURABLE

Densité oui, mais pas à n'importe quel prix. Une ville verticale posé sur un tapis plus ou moins vert, n'est pas la meilleur solution. Elle doit aussi correspondre à la perception des habitants. C'est pour cela que l'on parle de densité perçue. 

Vincent Fouchier : "Densités urbaines et développement durable."


La densité urbaine doit répondre à 3 objectifs : 
  • Répondre aux besoins de nouveaux logements, d'augmentation de la population, de vieillissement
  • Préserver les zones naturelles et agricoles : trouver un bon équilibre entre bâti et espaces réservés
  • Privilégier la densification des territoires déjà urbanisés afin d'éviter l'étalement urbain
Pour que cette densité soit accepté par la population et que celle-ci se l'approprie, 6 conditions sont nécessaires :
  1. La qualité et la proximité des dessertes en transport urbain
  2. L'offre suffisante des services de proximité et dans la diversité
  3. La pénétration de la nature dans l'urbain sous diverses formes
  4. Un paysage urbain attractif, aménagement de transition entre espace bâti et naturel, création d'espace de respiration, être attentif à l'existant et à l'identité des quartiers
  5. La qualité des espaces de vie : stationnement regroupé, espaces publics entretenus...
  6. La création d'espace favorable au vivre ensemble
L'environnement idéal serait la ville de courte distance. La plupart des citoyens se projettent dans un idéal de ville dense, où tout serait à proximité. Cette idée n'est pas née d'hier, Tony Garnier et sa cité utopique en est un bon exemple. Les éléments importants pour avoir un cadre de vie qualitatif donc à moins d'1 km du logement sont : les transports en commun, les commerces, les services de proximité, et les espaces verts. 

Schéma d'un environnement idéal selon une enquête du Grand Lyon

Conclusion, il n'y a pas de model unique de densité urbaine. On parle donc des densités. Elles doivent prendre en compte l'existant, pensée collective, mais avec des critères de qualité urbaine. Afin, c'est aussi la redéfinition du statut de l'habitant non pas de l'individu dans la société mais citoyen d'un lieu. 


Densité, même pas peur mais de façon qualitative. Et vous qu'en pensez-vous ?

Retrouvez la série jeudi 19 juillet pour référence sur le compost collectif, vendredi 20 juillet pour une trouvaille du net sur le développement durable et dimanche pour un dessus de ville sur Mens un exemple de ville autour de cette notion.

Pour en savoir plus : 

La densité fait peur 
Le pavillonnaire 
Pour une approche citoyenne de la densité urbaine
ENSAG - Pierre BELLI-RIZ - Histoire et analyse des formes urbaines
Vis [LE] -- Secrets de ville | Tony Garnier aux Etats Unis
Vis [LE] -- Secrets de ville | Les utopies urbaines, délires ou réalités ?

Petit +++

Peur ou même pas peur ...
http://boowakwala.uptoten.com/enfants/boowakwala-club-games-scarywords.html

Écrit par : Laure B.

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